Une motion laissée sans réponse

Hier avait lieu une manifestation du Front pour la rémunération, une coalition de plus de 250 000 étudiants et étudiantes mobilisée autour d’un enjeu étudiant majeur : il faut rémunérer les stages étudiants au Québec. Le travail gratuit a assez duré, surtout dans le contexte économique actuel. Les personnes étudiantes se trouvent prises à la gorge, devant choisir entre payer leurs frais de scolarité, payer leur épicerie, leur carte de transport en commun ou leur loyer.

Ainsi, la manifestation du 27 novembre du Front pour la rémunération a permis de rappeler à la Ministre Pascale Déry sa promesse faites aux associations étudiantes de rémunérer plus de stages. D’autant plus que, le 30 mars dernier, une motion a été adoptée à l’unanimité à l’Assemblée nationale du Québec pour dénoncer la non-rémunération de stages étudiants dans le secteur public.

Aujourd’hui, le Front pour la rémunération s’inquiète et critique l’absence de mesures performatives pour mettre en place cet engagement gouvernemental. Aucun échéancier n’a été communiqué, seulement des bonnes paroles.

Il faut rappeler le fossé qui existe entre la position de la Ministre et celle du Front pour la rémunération : la Ministre entend ajouter une rémunération à la pièce, seulement dans certains domaines (pas encore nommés); alors que le mouvement étudiant exige une rémunération pour tous et toutes. D’un côté, le gouvernement entend calmer la gronde étudiante, en augmentant le nombre de domaine rémunéré, mais en maintenant à tout prix la ségrégation par domaine d’études. De l’autre, les manifestants et manifestantes demandent le renversement d’une injustice et font du salariat des stages une question de principe : tout salaire mérite rémunération.


Est-il possible de raisonner le gouvernement? Nul ne le sait.

En attendant, de bons arguments ont été relevés par l’Union étudiante du Québec dans son communiqué du 28 novembre 2023 au sujet de la mobilisation du Front.

Le Front rappelle que la situation financière des stagiaires est critique, en particulier dans les domaines du secteur public, secteur aux prises avec les effets sévères de la pénurie de main d’œuvre.

Enfin, le Front souhaite profiter du conflit syndical sévissant actuellement pour rappeler au gouvernement que la rémunération des stages fait partie des solutions pour combler la pénurie de main-d’œuvre qui affecte de nombreux secteurs en grève. Non seulement cette rémunération augmentera l’attractivité de ces professions, mais en allégeant la pression financière sur les personnes étudiantes, elle favorisera également la rétention des diplômés dans ces domaines.

Catherine Bibeau-Lorrain, présidente de l’Union étudiante du Québec: « Nous devons mobiliser l’ensemble du Québec sur la question de la rémunération des stages. Nous croyons fermement que la rémunération des stages constitue une partie essentielle de la solution pour le gouvernement dans le conflit syndical actuel. Pour résoudre la pénurie dans les professions actuellement au cœur du conflit, il est impératif d’attirer davantage de personnes étudiantes dans ces domaines et de favoriser leur diplomation. Nous sommes convaincus que la rémunération de leurs stages est une clé pour résoudre ce problème. »

Laurence Mallette-Léonard, présidente de la Fédération étudiante du Québec: « Alors que les professions du secteur public sont dévalorisées à de nombreux niveaux, la rémunération de tous les stages, en plus de venir résoudre une injustice historique entre les domaines traditionnellement masculins et féminins, appert comme un moyen efficace de revitaliser nos services publics et de combattre la pénurie de main-d’œuvre les touchant. »

Au-delà des arguments, si les oreilles n’écoutent pas, il nous faudra reprendre la mobilisation et forcer le gouvernement à agir pour mettre fin à cette injustice, qui a trop duré et qui ne peut plus durer. La contribution des stagiaires à la société, dans leur milieu de stage, et dans l’avancement de leurs connaissances.